La salle Camus était pleine ce mardi après-midi. Douze classes de 4^ème situées en Zone de Sécurité Prioritaire (ZSP)* ont été conviées au Liberté pour évoquer le harcèlement et le cyber-harcèlement en présence des structures concernées. Trois courts métrages réalisés par Amandine Stelletta avec des acteurs de renom - Patrick Bruel, Charles Berling et Antoine Duléry - ont été projetés. Chaque personnage y incarne la souffrance ; celle d’un père démuni en découvrant que sa fille est victime de harcèlement, celle d’un enfant isolé qui ne peut se projeter en tant qu’adulte, celle d’un adulte traumatisé par ses blessures adolescentes. La douleur est brillamment mise en scène mais aussi le silence, l’isolement,  la destruction de l’identité et ses effets à long terme : la difficulté pour l’adulte de vivre en société. L’objectif de la réalisatrice, elle-même victime de harcèlement pendant son adolescence, est d’aller plus loin que la prise de conscience d’un problème de société ; « au-delà du harcèlement, il est important de prendre en compte la parole de l’enfant. De ne pas minimiser l’impact du harcèlement avec notre regard d’adulte et de comprendre comment l’enfant victime le vit » explique Amandine. "Avec les réseaux sociaux, le harcèlement a explosé dans les collèges " témoigne une conseillère principale d'éducation (CPE). Le problème majeur reste le silence de la victime, mais aussi de ses camarades qui ne veulent pas passer pour des « balances » selon les dires des adolescents lors du débat qui a suivi la projection. « Il est important de libérer la parole » poursuit Patrick Bruel, très impliqué dans cette lutte. Et les langues se sont déliées mardi lors de la rencontre avec les collégiens de l’agglomération. Un jeune garçon a témoigné de l’expérience dont il était victime. Un récit qui a ému l’assemblée.

Un projet national mené tout au long de l'année

À l’initiative de Charles Berling et porté par le service médiation du Liberté, le projet de lutte contre le harcèlement va se déployer jusqu’en juin. Les collégiens vont participer à des ateliers de création vidéo sur le sujet, encadrés par des professionnels de l’image mais aussi des psychologues et pédagogues impliqués dans cette lutte en milieu scolaire. Des équipes d’écriture, de tournage et de réalisation vont être mises en place avec les classes participant au projet national « Mobilisons-nous contre le harcèlement » afin de réaliser des spots qui seront diffusés lors de la journée de clôture organisée au Théâtre en juin. Un « making off » sera réalisé par un vidéaste afin de conserver des traces de cette aventure humaine et pourra également servir d’outil pédagogique pour les enseignants.
Dans le cadre du plan de prévention national contre le harcèlement le projet « Mobilisons-nous contre le harcèlement » récompense une affiche ou un clip réalisés collectivement par des élèves et accompagnant un projet dans leur établissement. Les lauréats seront désignés au printemps.

D'après les enquêtes effectuées (source education.gouv.fr), on peut estimer que 10 % des écoliers et des collégiens rencontrent des problèmes de harcèlement et que 6 % d'entre eux subissent un harcèlement que l'on peut qualifier de sévère à très sévère. Un quart des victimes commettent une tentative de suicide.

*Collèges participants : Henri Wallon et Jean l'Herminier à la Seyne-sur-Mer, Eucalyptus à Ollioules, Marcel Rivière et Jules Ferry à Hyères,  J.Y. Cousteau à La Garde, Georges Sand, Marcel Pagnol, Pierre Puget, Genevoix et Maurice Ravel à Toulon, Reynier à Six-Fours.