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Opéra TPM

Cure de jouvence pour le foyer Campra

C’est un véritable travail d’orfèvre qui s’accomplit depuis mars 2021 au sein du foyer Campra de l’Opéra de Toulon afin de lui redonner, dans le respect de l’existant, son éclat d’antan. Commandité par la Métropole TPM et les services de l’Etat, ce chantier de rénovation ambitieux autant que pointilleux, s’effectue dans la concertation et dans la coordination de différents corps de métiers sous maitrise d’œuvre du cabinet d’architecte Fabrica Traceorum. Rencontre avec les chevilles ouvrières du chantier.

Tapis de bâches au sol pour protéger le tout nouveau parquet et échafaudages aux murs face aux six toiles des maîtres toulonnais, c’est le chantier au Foyer Campra !

Cette salle emblématique de l'Opéra de Toulon, petit bijoux d’architecture du début des années 20 qui accueillait autrefois public et réceptions, se refait une beauté depuis plusieurs mois déjà. Le Foyer devrait donc être de nouveau fréquenté par le public d’ici mars/avril 2022, soit après une année de travaux menés à un rythme soutenu.

La liste des tâches est impressionnante ! Rappelle Philippe Artero, architecte associé appartenant au cabinet marseillais Fabrica Traceorum, qui a été mandaté pour cette rénovation complète.

Les travaux de rénovation à l’Opéra de Toulon s’inscrivent dans le cadre de la conservation de ce patrimoine culturel exceptionnel. Les derniers en date ont concerné la réfection de la toiture du Grand Comble et la création d’une salle de répétition sous les toits, en 2016. Dans le cadre de ce projet global de conservation sont prévus également : la réfection de la salle de spectacle et ses décors, la scène et ses dessous, l’administration ainsi que ses loges pour un montant global de 30 000 000 €, soit 5 ans de travaux.

Des études en préalable et des choix

Au préalable, un diagnostic complet et une étude patrimoniale ont été effectués, en lien avec les services compétents de la Métropole et de la Direction Régionale des Affaires Culturelles (DRAC). Ils ont permis de comprendre le projet, l’évolution du bâtiment dans le temps et l’intégration des nouvelles contraintes d’usages et de modernisation (électrification, chauffage…). « La première phase de diagnostic a en effet été très importante. L’historique, la compréhension du bâtiment mais aussi l’étude patrimoniale et l’étude du foyer en particulier, ont été essentiels pour partir sur de bonnes hypothèses. C’est aussi le temps des échanges avec les partenaires pour être sûr que l’on partage bien la même vision du projet et fixer les objectifs : jusqu’où peut-on aller dans nos propositions et où faut-il s’arrêter car on estime que l’on est trop dommageable et trop interventionniste sur la matière patrimoniale. » Précise Céline Girard, architecte du patrimoine au sein de l'agence Fabrica Traceorum, en charge du projet.

Après le gros œuvre, les décors

Après cette phase d'études, d'importants travaux de rénovation et de mise conformité ont été réalisés et viennent de s’achever en octobre dernier, « afin de remettre en état et d’intégrer toute la technique nécessaire au fonctionnement de cette salle qui sert, à la fois, de foyer, de salle d’apparat et de réception ainsi que de salle de petit concert. » Explique Philippe Altero, architecte à la Fabrica Traceorum. Plus précisemment, cette étape a été dédiée aux travaux de maçonnerie, à la consolidation du plancher et la refection complète du parquet en bois de chêne - point de Hongrie, à la mise aux normes des installations électriques dont l’éclairage et le système de sécurité incendie, à la création de deux comptoirs mobiles, à l’aménagement de deux locaux techniques annexes ou encore à la restauration des menuiseries intérieures et extérieures et à la mise en place des équipements de ventilation et de chauffage intégré… C’est d’ailleurs « l’intégration de ces réseaux et, comment faire passer tout ça dans le décor, qui a constitué le volet le plus complexe à réaliser  », souligne-t-il.

Pour rappel c'est près d'un million d’euros qui a été engagé dans cette opération, financée par l’Etat et la Métropole TPM à part égale.

Ainsi, après cette première phase de gros œuvre achevée, l'heure est venue de s'occuper des élévations intérieures, c’est-à-dire les décors et œuvres d’art : peintures, bustes, staffs, dorures, lustreries… Rien ne sera oublié ! Pour ce faire, les différents artisans-restaurateurs, chacun dans sa spécialité, s’activent pour redonner vie, couleur et lumière à cet illustre foyer qui depuis 1927 était resté « dans son jus ». Leur mission : dépoussiérer, nettoyer et restituer (si besoin) ce qui a été endommagé par l’usure et le temps. Pour ce faire, une bonne organisation et coordination de tous les corps de métiers sont de rigueur. "L'importance a été de dissocier ceux qui font de la poussière et ceux qui l’enlèvent !" Explique Céline Girard - agence Fabrica Traceorum.

Retrouver une continuité spatiale

Au fils du temps, des éléments techniques nécessaires au fonctionnement et à l’évolution de la société, avaient été ajoutés et étaient venus peu à peu perturber la lisibilité des volumes, tels que l’ancienne scène en surélévation et coffres qui cachaient les radiateurs… Le foyer Campra est en effet classé monument historique, cette opération de conservation et de restauration implique de ce fait « à la fois la mise en valeur du décor tout en y intégrant la fonction technique de son usage mais si possible en la masquant un maximum. » Ajoute-elle.

L’objectif a ainsi été de retrouver le volume de l’espace total et une continuité spatiale dans ce vaste espace (200 m2). « On a cherché à intégrer tous les équipements techniques de manière à ce qu’ils ne soient plus visibles. Par exemple, on a supprimé les radiateurs en passant par le sol avec une seule grille de soufflage de telle manière, qu’à présent, on a plus d’éléments perturbateurs ni, de manière préventive, d’éléments de détérioration et d’encrassement potentiel des toiles situées juste au-dessus. »

De plus, le mobilier vient s’ajouter à présent de manière autonome et mobile à l’intérieur de la salle afin d’être libre de tout mobilier à certaines occasions. Par exemple, la rénovation du foyer Campra inclut la mise en place d’une scène élévatrice qui permettra des programmations musicales originales de petits concerts. Cette dernière a été intégrée dans le plancher en face et à l’extrémité de l’ex-scène estrade (supprimée désormais). « Elle est escamotable et redescend au niveau du sol. » Poursuit-elle.

Revenir à son état de 1927

Tout l’enjeu de ce chantier de restauration est donc de retrouver l’éclat de ce foyer tel qu’il était en 1927. Explique Céline Girard 

C’est en effet à cette date que cette vaste salle d’apparat a vu le jour dans sa configuration actuelle, soit 65 ans après l’inauguration de l’opéra en 1862. « Le foyer Campra est une salle d’apparat. » rappelle l’architecte du patrimoine. « Sa fonction est de recevoir le public pendant l’entracte. Mais il a aussi une vocation de salon d’apparat, de réception pour la ville et pour les officiers de Marine. Au moment de sa livraison en 1862, le foyer est dans sa configuration architecturale actuelle, c’est-à-dire avec ce volume spatial, cette hauteur sous plafond. On a le parquet en bois de chêne en point de Hongrie, avec son pourtour en liserés de dalles de marbre. On a le principe des menuiseries vitrées sur la loggia qui répondent aux menuiseries vitrées qui sont liées au grand escalier monumental du grand hall. Mais par contre, le programme décoratif du plafond et des parois verticales, ce qu'on appelle des élévations, n’est pas terminé. Le programme décoratif va en effet se poursuivre entre 1862 et 1927. En 1898, on a une première campagne de compléments de décors qui va consister à réaliser les staffs des voussures du plafond, la mouluration, la mise en place des cartouches, du relief et de la dorure sur les parties hautes. Puis, entre les années 1922-1927, il y aura un autre programme qui va consister à la mise en place des toiles marouflées et les bustes sculptés qui reprennent des compositeurs de musique. ».

L’objectif est donc de rendre au foyer son éclat des années 20 en harmonisant l’ensemble des interventions sur les lustres, les tableaux, les dorures… afin d’homogénéiser l’aspect, les teintes, la clarté de ce lieu presque centenaire sans le dénaturer. Pour ce faire, des choix ont du être faits : « on a souhaité conserver ce dernier état connu du foyer Campra même si en réalisant les sondages, on a pu constater l’existence d’un état antérieur, notamment avec la présence de faux marbres sous les peintures (camaïeux de gris) que l’on voit actuellement. Notre parti pris a donc été ne pas restituer l’ensemble de ces faux marbres mais de conserver ce dernier état qui nous a semblé plus pertinent au regard de la représentation que peuvent avoir les gens qui ont connus le foyer Campra. » Ajoute son associé l'architecte du patrimoine Philippe Artero.

Par chance, le décor du foyer Campra, d'une grande beauté était dans sa globalité plutôt bien conservé.

"Tous les éléments sont en place mais tout est un peu altéré, un peu terni, un peu sali." Informe Céline Girard.

Cet encrassage général s’explique, en effet, par la présence des lustres au gaz qui ont créé pas mal de poussière, mais aussi des radiateurs et des menuiseries qui n’étaient pas très étanches et qui ont laissé passer les fumées de l’activité portuaire de l’époque. On constate aussi une détérioration liée à l’usage humain dans un salon d'apparat : « on est proche des décors, il y a du monde, des éclaboussures avec les verres, des zones de contact dans les parties basses. C’est logique ! Et les parties hautes, au-dessus de la taille humaine (1m60 environ) sont plutôt bien conservées. » Explique Céline Girard.

Son nettoyage permettra d’éclaircir la pièce et redonnera de l’éclat ! Les dorures seront plus présentes, les décors plus clairs, les marbres redeviendront blancs....

La restauration des 16 toiles marouflées

Le foyer Campra présente un magnifique décor dont seize toiles marouflées, c’est-à-dire directement apposées sur la surface sans la présence de châssis.

Pour la petite histoire, ce programme original a fait appel à seize artistes locaux de renommée nationale, voire, pour certains, internationale comme Eugène Dauphin ou André Paulin-Bertrand. « Sur chaque toile, on trouve des personnages. Tous ont un lien avec une pièce d’opéra ou de théâtre : Carmen, la Farandole… Cela faisait partie du cahier des charges. Toutefois, même si chaque toile est vraiment très distincte dans sa touche picturale, dans son écriture (car elle est liée à un artiste propre), l’ensemble forme une composition harmonieuse et un décor homogène dans la salle. » Informe l'architecte du patrimoine.

Dès lors, quatre artisans sont à l'oeuvre pour restaurer ces anciennes toiles plutôt bien conservées dans l’ensemble avec de légères problématiques de décollement ou de boursouflures et de cloques liées principalement à l’humidité (notamment celles situées sur les murs extérieurs). « Elles sont essentiellement sales, mais ça se gère très bien. Elles sont peu altérées et ont peu de zones de décollement. On a donc essentiellement une grosse phase de nettoyage. Sur certaines on a décidé de retirer le verni car on s’est rendu compte que derrière ce verni, il y avait encore des salissures. Il y a peu de repeints (retouches) dans le temps, donc on a peu de questions de dérestauration et de remise en peinture. Elles vont ainsi être représentées avec un verni un petit peu mat pour donner une unité d’ensemble. » Informe Laure Vansonvic Restauration des peintures – entreprise individuelle.

Une seule de ces toiles, l’Arlésienne, est dans un état plus complexe de préservation et de présentation, car plus endommagée. « C’est dû à un ancien dégât des eaux. On est sous une toiture terrasse qui a été refaite il y a 5-7 ans, donc le problème est résolu. Mais effectivement, à une époque, il y a eu de grosses coulures d’eau sur la toile et elle a été très altérée. De plus, cette toile avait déjà été déposée et remise en place sur châssis. Aujourd’hui, elle est partie en atelier, parce qu’il y a eu des désincrustations de morceaux de toile qu’il faut purger. Il y a énormément de travail sur cette toile. » Ajoute Céline Girard.

La restauration des grands lustres

Concernant les lustres, le travail se fait en atelier par l’Etablissement Chant-Viron d’Asnières, avec une rénovation en profondeur des trois pièces magnifiques. Il s’agit de trois lustres d’environ 2m de haut sur 2m d’envergure, esprit Napoléon III à gaz, dont le central plus imposant. « Vous aviez un tube central dans lequel descendait le gaz pour être distribué dans les bras creux avec des becs de gaz. Dans les années 20, quand le foyer a été électrifié, ils ont ajouté deux niveaux de bras pour être électrifiés, et ils ont aussi, à ce moment-là, installé des appliques au-dessus des tableaux qui sont en bronze alors que le reste est en fonte de fer. » Explique Olivier Lagarde, responsable de la restauration des lustres, directeur de la société établissement de Chant-Viron.

Pour la petite histoire, ces lustres originaires de la première campagne, ont été posés dès 1860. Ce sont des lustres à gaz qui avaient été électrifiés en même temps que l’opéra à partir des années 1898 jusque dans les années 1920. « L’opéra est plutôt précurseur dans ces éléments électriques. » Informe Céline Girard. « En effet, on va chercher très tôt à faire venir l’électricité dans les théâtres pour protéger la richesse des décors car les risques d’incendie avec le gaz étaient très importants. »

Ainsi, pour pouvoir restaurer ces antiques lustres, l’atelier a dû entièrement les démonter, puis nettoyer tous les éléments pour enfin faire de la réintégration. Treize mois de travail ont été nécessaires pour leur rendre leur éclat d’antan : « ce sont des lustres en fonte de fer dorés à la feuille et les décors de feuilles d’or étaient très abîmés. Plusieurs couches qui ont été appliquées au fils du temps qui se sont altérées et ont noirci. L’aspect de surface n’était plus très lisible. Il y avait énormément de petits éléments à nettoyer et pas mal de couches à enlever. Ça a été un long travail pour redonner cet éclat métallique. On l’a déposé à quatre personnes. Rien que le lustre central pèse 120 kilos ! Une personne a travaillé pendant 6 mois sur le nettoyage. On ne les a pas redorés, mais juste nettoyés car le parti pris est de ne pas rendre un état neuf. Les lustres doivent être au même niveau que le reste, ni trop, ni pas assez pour s’accorder avec l’ensemble. Puis, on les a réélectrifiés grâce à des systèmes led moins consommateurs d’énergie et on a choisi un éclairage qui se rapproche le plus de celui des années 20. A présent, ils sont prêts et attendent la fin du chantier pour regagner leur place. »

La restauration des décors de staff et dorures

Sur les décors peints et dorures, c’est l’Atelier Morisse Marini (Nice) qui est à la manœuvre. « Notre atelier s’occupe des décors non peints, c’est-à-dire les dorures, le décor architectural, les moussures, les moulures et les plafonds. C’est essentiellement un travail de nettoyage, il y a eu une accumulation d’aérosols plutôt gras (fumée, radiateur) qui se sont déposés et ont terni tous les bas-reliefs… Notre travail est délicat car notre objectif est la conservation des décors, il faut intervenir sans trop les abîmer, sans trop frotter. Une fois le nettoyage fini, on restitue les petits manques essentiellement en partie basse où il y a eu plus d’impacts. On applique un masticage sur les lacunes, on redore les parties et on fait une mise en teinte des parties qui ont été abîmées notamment à cause des anciens dégâts des eaux, avec les techniques anciennes et en harmonie avec le reste. » Explique Stefano Marini, restaurateur de sculptures – atelier Morrice Marini.

C’est une renaissance pour ce bijou du patrimoine toulonnais, de la Métropole TPM et de la région PACA, l’un des plus beaux opéras de France. Ce foyer est une pièce extraordinaire dans ses dimensions, il a une beauté de proximité tout en étant majestueux. Il n’est pas intimidant et pourtant il est munificent. On va le retrouver avec plaisir ! Conclut Claude-Henri BONNET, Directeur de l’opéra TPM
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