Les salins d'Hyères se protègent naturellement contre la montée des eaux
Dans le cadre du projet "Adapto" initié par le Conservatoire du littoral, les Vieux Salins d'Hyères, espace naturel protégé majeur de la rade d’Hyères sous la gestion de la Métropole TPM, redonnent une dynamique naturelle au trait de côte pour lutter contre l’érosion marine. Objectif : recréer un écosystème tout en réajustant les aménagements présents sur le site et l’accueil du public.
Le projet européen de "renaturation", baptisé Adapto, expérimenté aux Salins d’Hyères ainsi que dans neuf autres sites en France, a été un des thèmes du dernier congrès mondial de l'Union internationale de conservation de la nature (UICN) qui s’est tenu à Marseille du 3 au 11 septembre.
Objectif : trouver des solutions fondées sur la nature pour s'adapter au changement climatique.
Le site des Salins, l’une des zones humides les plus riches en biodiversité du territoire et chère aux usagers du littoral, est en effet depuis quelques décennies, victime d’un phénomène d’érosion qui accélère le recul du trait de côte (cordon dunaire au sud), la disparition des pins d’Alep et des zones ombragées, l’affouillement de la plage et menace les ouvrages hydrauliques du site.
Le projet Adopto, initié par le Conservatoire du littoral, propriétaire du site des Salins d’hyères, est un projet bénéficiant du concours financier de l’UE à travers le programme LIFE. Il a pour objectif d’explorer sur les territoires littoraux naturels des solutions face à l’érosion et à la submersion marine dans le contexte d’accentuation du changement climatique qui se manifeste par l’élévation du niveau de la mer et l’augmentation de la fréquence des événements climatiques extrêmes. Sur 10 sites pilotes appartenant au Conservatoire du littoral, dont les Salins d’Hyères, Adapto teste une gestion souple du trait de côte.
Dans les années 80, des enrochements avaient été construits par l'ancien propriétaire, la Compagnie des salins du midi, pour tenter de ralentir ce phénomène en fixant le trait de côte. Malheureusement, force est de constater que ces digues rocheuses n'ont pas empêché les eaux de gagner 30 mètres en 20 ans. Bien au contraire, cette solution accentue sur le long terme le phénomène d’érosion sur le cordon dunaire adjacent et engendre un risque d’intrusion marine dans le canal d’alimentation des salins, voir dans le village.
Aux Salins d’Hyères : accompagner le dialogue entre la terre en la mer
Ainsi, après des années d'études*, des travaux ont été engagés en deux phases, pour tenter de restaurer le cordon littoral des Vieux Salins :
- Le projet Marittimo (Interreg franco-italien 2017-2019)
- Le projet Adapto (2017–2021).
Des milliers de tonnes de rochers ont donc été retirés en 2019 et 2020. "En douceur parce qu'il ne fallait pas abîmer la barrière de protection naturelle d'herbiers de posidonie --une plante méditerranéenne-- à quelques mètres de la côte", raconte Richard Baréty, du Conservatoire du littoral.
Renaturation du trait de côte et accompagnement de l’évolution du site par des opérations de génie écologique
Avec la "renaturation" des Vieux-Salins d'Hyères, "l'interface entre la zone humide et la plage fait que la biodiversité est décuplée", s'émerveille Richard Baréty. En effet, en quelques mois, la nature a repris ses droits : une large plage est réapparue ainsi qu'une petite dune méditerranéenne. Des banquettes de posidonies mortes se sont formées sur le sable. Autant d'outils naturels de lutte contre l'érosion.
A terme, la mer pourrait aussi ponctuellement passer par-dessus les bassins, venant perturber l'alimentation hydraulique spécifique du site. Si cette hypothèse a longtemps été la principale crainte, certains pensent désormais que cela pourrait amener des nutriments marins, boostant davantage la biodiversité.
Accepter l'idée de laisser la mer monter
Dès lors, si ce compromis a pu être trouvé, le projet a d’abord suscité certaines inquiétudes et il n'a pas été simple d'expliquer qu'il valait mieux laisser la mer monter naturellement. Des souches de pin d'Alep morts sur la plage témoignent de la poursuite de la montée de l'eau. La disparition de la pinède littorale est rapide et difficile à accepter pour la population. Les tamaris qui apparaissent et ne craignent pas d'avoir leurs racines dans l'eau salée ne sont pas aussi populaires. Le projet Adopto développera, de ce fait, des actions en direction des usagers, la population et les élus afin de répondre à leurs interrogations et de préparer avec eux les évolutions futures.
Le sentier du littoral déplacé
Il s’agit par ailleurs d’assurer la continuité de la promenade littorale en cas d’intempérie par la création d’un sentier alternatif et de suivre l’évolution de l’écosystème lagunaire, dont l’herbier de posidonie qui frange la plage.
Dès lors, afin de permettre à l’étang des Anglais de jouer son rôle de soupape hydraulique en prévision de futurs événement tempétueux, seule la portion du sentier qui sépare la mer de l’Etang des Anglais a été détournée vers l’intérieur des Salins.
Un rôle pédagogique
Ainsi, tous espèrent que le rétablissement de cette dynamique sédimentaire ralentisse la montée de la mer : "On remarque déjà que les cellules d’érosion au bord de la plage se sont engraissées", assure Guirec Queffeulou. A travers ce projet, les Salins d'Hyères, servent d'exemple et contribuent de ce fait à démontrer l’intérêt écologique et économique d’améliorer la résilience des espaces littoraux pour protéger les activités humaines en redonnant de la mobilité au trait de côte.
Chronologie du projet Adapto sur les Salins d'Hyères
- Février 2019 : attribution du marché pour la réalisation du sentier piéton et du marché pour la réhabilitation du cordon dunaire et le désenrochement.
- Avril 2019 : démarrage des travaux ; présentation de l’exposition sur le projet, réalisée dans le cadre de l’action pédagogique par le CPIE Côte Provençale et visite de site avec une trentaine de participants.
- Juillet 2019 : fin des travaux de création du sentier et de restauration du cordon dunaire.
- Septembre 2019 : attribution du marché pour le suivi des herbiers marins et démarrage de l'étude.
- Octobre 2019 : première tranche de travaux de désenrochement sur 340m de linéaire côtier
- Octobre 2020 : deuxième tranche de désenrochement sur 250 m de linéaire côtier
- Toujours en cours : rehausse de la digue en arrière du canal d’alimentation sur 900m pour atteindre la cote +2,5 m NGF
Le projet Life Adapto en quelques chiffres
Durée : 15 octobre 2017 - 31 décembre 2021
Budget : 5 269 000 € (budget total éligible)
Montant total du projet de renaturation du littoral des vieux salins : environ 1 million d’euros avec une partie venant d’adapto, de l’interreg MARITTIMO MAREGOT et des financement de l’AERMC et du départmeent du Var (AAP sur la GIZC).
Contribution de l’Union Européenne : 60 %
* Des études menées par le BRGM et l’Université d’Aix-Marseille ont montré que cette zone humide littorale est un lieu favorable à la mise en œuvre d’actions de gestion adaptative du trait de côte et des espaces naturels telles que le désenrochement du trait de côte dans une perspective de renaturation. Suite à une première phase de désenrochement sur 100 m à l’extrémité ouest de l’ouvrage, le gestionnaire TPM a lancé une nouvelle étude pour la définition d’une stratégie de gestion du cordon littoral en 2017 (Artelia).
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