Né au Cameroun, Joël Tettamanti grandit en Suisse. De 1997 à 2001, il se forme en l’École Cantonale d'Art de Lausanne (ECAL). Son intérêt pour les lieux de passage, les lieux-limites, le mène dans différentes parties du monde.
Son travail est exposé en Europe et ailleurs et fait partie de collections privées et publiques.
Joël Tettamanti est le premier photographe à réaliser une commande pour la villa Noailles qui portait sur les Salins d’Hyères et des Pesquiers, en 2003. La villa Noailles l’a sollicité pour une nouvelle commande sur la Métropole, il a parcouru tout le territoire pendant plus de deux ans, photographiant à la chambre 4x5 les paysages, les architectures et les routes. 

Pouvez-vous présenter brièvement votre parcours ?

Il est très difficile pour moi de me présenter, en tant que photographe… Je n’ai pas de collègue, ni de bureau ou d’horaire et la seule « personne » qui pourrait parler de moi c’est mon matériel : une chambre photographique analogique sur trépied… Alors en quelques mots : je suis une personne à la fois un peu sérieuse, méticuleuse dûe à la rigueur imposée par la technique et puis je suis suisse (rires). Et je suis très ouvert et j’aime me laisser porter par les rencontres, qui peuvent m’emmener loin.

Pouvez-vous nous parler de cette commande photographique ?

Au début, Jean-Pierre Blanc, directeur de la villa Noailles, m’a imposé de travailler sur les lieux publics. Et plus je découvrais le territoire et plus j’avais envie d’aller voir derrière, plus loin, aller chercher ce qu’il y a de caché…. L’équipe de la villa Noailles m’a fait confiance et j’ai pu l'amener sur d’autres chemins. Je suis Suisse, étranger et durant ces 2 années de travail j’ai beaucoup marché et sans trop savoir quand j’allais photographier. C’est une attitude, comme le peintre devant son chevalet, il faut composer une image, mettre à plat, viser « le visage entier devant cet appareil ».

Où ce chemin a-t-il mené votre travail ?

Mon travail sur la Métropole s’est déroulé pendant le changement de limitation de vitesse de nonante* (c’est déjà limité en Suisse depuis longtemps) à 80. Et cela m’a donc amené à réfléchir à la vitesse, au temps… au décalage entre les piétons et les voitures. J’avais parfois envie de crier « regardez ! ». Je suis un voyageur qui ne sait pas où son pas le mène et j’interroge l’espace sans réellement donner de réponse.

Pouvez-vous nous en dire plus sur votre lien avec la villa Noailles ?

J’ai rencontré Jean-Pierre Blanc dès mes études où nous avions collaboré avec les frères Bouroullec. J’ai ensuite participé au Festival International de Mode et de Photographie de 2003 puis j’ai eu une commande sur les Salins des Pesquiers en 2004. Ce travail photographique fut très riche car j’ai dû me confronter à l’horizontalité, au plat. C’est comme la mer, magnifique, mais parfois si difficile à représenter.

Quel est votre ressenti par rapport à la Métropole TPM ?

C’est un territoire en devenir, un moment charnière. L’après-guerre est très présent dans l’architecture. Même si je viens depuis plus de 20 ans, je n’avais pas perçu son ampleur et sa complexité. C’est une belle région qui aime à dévoiler ses beautés cachées.

*90

Exposition : 14 octobre 2018 - 13 janvier 2019  - Vernissage : samedi 13 octobre à 17h30